
- Je résume, dit-il, les données du problème. Premièrement, le Mont Analogue doit être beaucoup plus haut que les plus hautes montagnes jusqu’ici connues. Son sommet doit être inaccessible par les moyens jusqu’ici connus. Mais, secondement, sa base doit nous être accessible, et ses pentes inférieures doivent être habitées d’ores et déjà par des êtres humains semblabes à nous, puisqu’il est la voie qui relie effectivement notre domaine humain actuel à des régions supérieures. Habitées, donc habitables. Donc présentant un ensemble de conditions de climat, de flore, de faune, d’influences cosmiques de toutes sortes, pas trop différentes de celles de nos continents. Le mont lui-même étant extrêmement haut, sa base doit être assez large pour le soutenir: il doit s’agir d’une surface de terres au moins aussi grande que celle des îles les plus vastes de notre planète - de la Nouvelle-Guinée, de Bornéo, de Madagascar, peut-être même de l’Australie. Cela admis, trois questions surgissent. Comment ce territoire a-t-il échappé jusqu’ici aux investigations des voyageurs ? Comment y pénétrer ? Et où se trouve-t-il ?
DAUMAL René, Le Mont Analogue
1952, éditions Gallimard
DAUMAL René, Le Mont Analogue
1952, éditions Gallimard







